Le yoga et la méditation sont des rencontres conscientes et somatiques avec nos corps.

Parce que nos corps sont tissés dans la toile du monde qui nous entoure, ces rencontres ont le pouvoir de réveiller notre conscience partagée de notre intimité avec le vivant, de notre appartenance à nos communautés, et de notre capacité à guérir le corps collectif dont nous faisons partie.

Revenir au corps pour revenir au monde

En yoga comme en zen, le corps est le champ de notre éveil à la vie.

Dans notre corps sensible, si nous voulons bien ré-apprendre à l’écouter, se trouve la sensation viscérale de nos liens profonds avec tous les êtres sensibles, et de notre intelligence de la vie.

Notre corps est aussi le pont vers notre coeur et nos sentiments : en lui, nous pouvons retrouver notre intelligence émotionnelle, mise à mal par une culture grandissante de l’indifférence, de la distraction et de la discrimination. C’est en l’habitant pleinement que nous pouvons cultiver notre engagement et notre envie d’aider le monde, et la confiance en une douce vérité : nous ne sommes pas seul.es.

Nos esprits, nos attentions et nos identités sont de plus en plus isolés et dispersés par notre course à la compétition et à la productivité. Chaque dialogue avec la gravité, le mouvement, ou la respiration, nous rappelle que notre corps est un éco-système parmi d’autres: une partie d’un grand tout.

Revenir au corps, c’est se souvenir de notre appartenance à plus grand que nous, de nos valeurs d’inclusivité et de générosité, et de notre droit à la lenteur et à la relaxation.

Dans le moment présent, nous nous émancipons du poids du passé ou de l’angoisse de l’avenir.

Ici et maintenant, nous apprenons à revenir à la maison du corps et à la communauté du monde.

Les enjeux collectifs de notre pratique

Notre culture de l’individualisme et de l’hyper-réactivité nous prive du temps nécessaire pour cultiver une compréhension véritable de la vie et du monde, et pour prioriser le soin à soi et à autrui dont nous manquons cruellement.

Les narrations individuelles et collectives dans lesquelles nous investissons notre énergie polluent l’espace mental et créatif qui est notre plus précieuse ressource pour imaginer - pour nous et pour tous les êtres - un meilleur avenir.

Nous nous sommes longtemps concentré.e.s sur les bienfaits individuels de la pratique, et la bonne nouvelle est que ces bienfaits sont bel et bien là pour rester.

Il est temps à présent d’oser aller plus loin.

Il est temps d’incarner par notre pratique notre présence et notre intimité radicale avec le monde : ce sont les racines mêmes des enseignements dont elle vient.

Le monde a besoin de notre soin et de notre attention : au-delà de la performance des postures, cultivons un yoga quotidien de la non-violence, de la compassion et de la non-discrimination.

Ces sont ces leçons et ces transformations profondes qui peuvent véritablement commencer à guérir ce qui peut l’être.

Je souhaite que nos pratiques nous nourrissent, afin que nous puissions, à notre tour, nourrir la vie.

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